Le texte
Narrateur | Bonjour, bonjour tout le monde. Vous êtes venus voir sa majesté Carnaval ? Ca tombe bien, moi aussi. Mais ça fait un moment que j’attends. Vous voulez bien m’aider à l’appeler ? Il est un peu spécial. Comme son règne ne dure pas longtemps, il n’est pas habitué (même si il revient chaque année). A mon avis il est trop habitué aux vacances. Mais il y a une vielle tradition qui marche à tous les coups. Voici ce qu’il faut faire pour le faire venir : (joignant le geste à la parole) il faut mettre les mains sur les yeux, puis mettre les mains sur le ventre et puis lever les bras en l’air en se bouchant le nez et en criant « Carnaval ». On essaye ?
Les mains sur les yeux, les mains sur le ventre et les bras en l’air « CARNAVAL ! ».
Encore une fois. Les mains sur les yeux, les mains sur le ventre et les bras en l’air « CARNAVAL ! ».
Une dernière fois. Attention il faut bien boucher le nez sinon ça ne marche pas. Les mains sur les yeux, les mains sur le ventre et les bras en l’air « CARNAVAL ! ».
Carnaval arrive avec Mr Laloi.
Chut ! Le voilà. Sa majesté Carnaval vient d’arriver sur le trône. Son règne est bref, il n’y a pas de temps à perdre. Aujourd’hui, sa Majesté (présentation de la marottes aux enfants) reçoit tous les enfants qui pourraient ne pas être complètement satisfaits de leur sort. Son ami Monsieur Laloi (présentation de la marotte aux enfants) est venu lui tenir compagnie car il s’ennuie un peu en attendant qu’il lui cède le pouvoir et que ce soit de nouveau son tour de régner (lui par contre on peut dire qu’il a l’habitude et qu’il aime ça mais bon c’est une autre histoire). Tenez, voilà déjà quelqu’un qui arrive…
Carnaval | Comment t’appelles-tu ?
Timide | Timide, majesté.
Carnaval | Et qu’est-ce qui ne va pas ? Parle !
Timide | Je n’ose pas, j’ai peur. Je n’ose rien faire, j’ai peur de tout. Par exemple si j’ai très envie d’un gâteau, j’ai trop peur de parler à la boulangère et je dois attendre que quelqu’un aie l’idée de le demander à ma place. Ou si on me dit que je suis jolie je suis trop intimidée et je me sauve en courant et plus j’ai envie de faire les choses, moins j’ose les faire et donc moins je les fais, c’est vraiment triste …
Carnaval | Allons bon. Ça doit être très désagréable. Et toi ?
Gourmand | Moi, je suis Gourmand, votre délicieuse madeleine, euh je veux dire Majesté. Et j’ai toujours envie de dévorer tout ce qui me tombe sous la main, ce qui fait que j’ai même du mal à jouer ou à lire ou à faire quoi que ce soit sans quelque chose à manger. J’ai même failli avaler un cafard en croyant que c’était du chocolat !
Carnaval | Quelle horreur ! Effectivement, c’est un problème. Et toi ? Ouhou, et toi ? Allô ? Il y a quelqu’un ? Ouhou ?
Rêveur | Ah, euh, pardon, Majesté. Moi je suis Rêveur et vous voyez bien, je suis toujours un peu ailleurs. Dans la lune, peut-être ou sur une autre planète. J’aimerais bien parfois rester avec vous, ou alors vous emmener avec moi dans mes rêves et mon imaginaire, parce que je me sens un peu seul. Mais je ne sais pas comment faire.
Pas Sage | Et moi je suis Pas Sage et on me punit toujours, c’est décourageant !
Exemplaire | Et moi Exemplaire et je dois toujours montrer l’exemple, c’est fatigant et c’est pas drôle ! Je veux rigoler avec les autres !
Carnaval | Du calme, du calme, mes enfants, ne parlez pas tous à la fois. (Aux enfants dans le public) Et vous ? Vous avez des requêtes ? Vous voulez arranger quelque chose ? Vous êtes timide, gourmand, tapageur… ? Tu es sage, toi ? Et toi, tu n’es pas gourmande ?…
Bon, écoutez. Je crois que j’ai une idée. Et en effet, Exemplaire, je te promets que tu vas t’amuser.
Voici la clé (il montre un masque) : vous la voyez ? Non, je sais ce n’est pas une clé, c’est un masque. Mais c’est la clé de notre problème, c’est la solution ! C’est un objet en apparence anodin, assez banal, mais en vérité il produit des effets incroyables, il est un peu magique.
Caché derrière votre masque, vous pourrez prendre des risques sans crainte des conséquences puisque personne ne pourra vous reconnaître ; Ainsi abrité par votre masque vous réaliserez que vous êtes plus libres que vous ne le pensiez et vous allez vous découvrir des qualités qui vous surprendront vous-mêmes ; car enfin, transfiguré par votre masque vous pourrez vous transformer en celui ou celle que vous rêvez d’être : sauvage comme le cheval, terrifiant comme le lion, doux comme l’agneau, gai comme le pinson, à vous de choisir ! Vous allez pouvoir défouler le pire de vous-mêmes, explorer le plus terrible, découvrir le meilleur… le temps des masques. Les enfants, nous allons mettre le monde à l’envers !
Mr Laloi | Quoi ?!!! Qu’est-ce que vous dites ?!!!
Carnaval | Nous allons semer le mondalenvérisme ! Les petits vont commander, les grands obéïr, ceux qui sont méchants vont être gentils, ceux qui sont faibles, être forts, les timides vont se révéler audacieux, mais surtout : plus d’exemple à suivre, plus de bêtise à punir car avec nos masques, tout ce qui est interdit va être permis ! Le monde à l’envers ! Vous voulez m’aider ?
Tous | Oui ! Vive le monde à l’envers, vive le monde à l’envers !
Mr Laloi | Mais qu’est-ce que vous racontez ? Je suis attérré mon ami ! Vous êtes fou ! Vous êtes dangereux !
Carnaval | Allons, allons, Monsieur Laloi c’est le temps du masque, juste le temps du masque, après, tout rentre dans l’ordre.
Mr Laloi | Je vous ai écouté jusqu’au bout car j’ai le sens du respect et de la mesure mais en vertu même du respect et de la mesure, je ne peux pas vous laisser parler davantage, je dois vous arrêter, je dois vous empêcher, désolé cher ami mais je… (Interrompu par les enfants)
Tous | Monde à l’envers ! Monde à l’envers ! Faites taire Laloi ! Sauvez Carnaval !
Carnaval | Voyons, Monsieur Laloi, je sais que vous êtes sévère, mais vous êtes aussi un homme juste, ne vous faites pas plus méchant que vous n’êtes !
Mr Laloi | Il n’y a pas de sévère, de juste ou de méchant qui tienne, votre histoire est à dormir debout et il est tout simplement hors de question de mettre le monde à l’envers ! Non mais et puis quoi encore ?!
Carnaval | Cher Monsieur Laloi, malgré tout le respect que j’ai pour vous, là, c’est moi qui commande. Et je vous déclare Rabat-joie Empêcheur de danser en rond et si vous continuez je vais vous faire mettre au placard, vous avez compris ?
Mr Laloi | Moi ?! Au placard ?! Non mais ça ne va pas ? Au placard ? Moi ? C’est un comble ! Je vous interdis ! Et je vous interdis aussi de semer le trouble ! Et en plus je vous interdis de mettre le monde à l’envers ! Et je vous interdis également de …
Carnaval | « Interdis » ? « Interdis » dites-vous ? (Cherchant l’appui des enfants) Mais n’avons-nous pas décidé que tout ce qui était « interdit » allait être « permis » ? Je vais donc exécuter vos ordre avec plaisir. Allez, oust ! Au placard ! Pas de pitié pour les Rabats-joie. Non, mais.
Mr Laloi est expédié au placard.
Carnaval entonne la Chanson du Carnaval avec toutes les marottes que le narrateur manipule dans une danse en associant les enfants du public au refrain et en les encourageant à participer librement à chaque fin de couplet.
Pom pom pom pom (C’est Mr Laloi qui frappe)
Ouvrez-moi !
Non, non, non, non
Pas question
Pom pom pom pom
Ouvrez-moi !
Non, non, non, non
Pas question
Hé, les enfants, derrière vos masques qu’allez-vous faire ?
Mettre du miel, du chocolat
Dans les choux et les petits pois
Sous un déguisement de Roi
Enfiler ma culotte sur ma tête
Appuyer sur toutes les sonnettes
Habillée en grenouille reinette
Asperger d’eau la salle de bains
Mettre hier à la place de demain
En ours, en lion ou en lapin
Pour une fois les bêtises ça n’existe pas
Et toi ? (aux enfants du public)
Et toi ? (aux enfants du public)
Pom pom pom pom
Ouvrez-moi !
Non, non, non, non
Pas question
Hé, les enfants, derrière vos masques qu’allez-vous faire ?
Déguisé en cheval fougueux
Mettre au placard les rabat-joie
Les scrogneugneux et les grincheux
Leur casser des œufs sur la tête
Danser et chanter à tue-tête
Couvert de plumes d’alouette
Faire le fou, le guignol
Le clown, l’idiot ou la fofolle
Sous les traits d’un toreau espagnol
Pour une fois les bêtises ça n’existe pas
Et toi ? (aux enfants du public)
Et toi ? (aux enfants du public)
Pom pom pom pom
Ouvrez-moi !
Non, non, non, non
Pas question
Pom pom pom pom
Ouvrez-moi !
Non, non, non, non
Pas question
Mr Laloi | S’il-vous plaiaiaiaiaiaiaiaiaiaiaiaiaiaiaiaaît
Le narrateur pose les marottes/enfants et approche Carnaval du Placard.
Carnaval | Ecoutez, les enfants ! Ecoutez ! C’est Mr Laloi! Qu’est-ce qu’on fait ? On le libère ? Mr Laloi, as-tu changé d’avis ?
Mr Laloi | Oui !
Carnaval | Tu as bien réfléchi ?
Mr Laloi | Oui !
Carnaval | Tu ne nous empêcheras plus de danser en rond ?
Mr Laloi | Non !
Carnaval | Bon, alors nous allons te libérer. Tiens-toi prêt. A « trois » nous allons te laisser sortir. D’accord, les enfants ? Vous comptez avec moi ? Un, deux, trois !
Le narrateur pose la marotte de Carnaval sur son stand. Il libère Mr Laloi et le tourne dans tous les sens. Il a deux faces, tel Jean-qui-rit et Jean-qui-pleure. Sur une face : le visage de Mr Laloi que nous connaissons ; sur l’autre : un Mr Laloi … carnavalisé !
Oh mais regardez, les enfants ! Mr Laloi a une drôle de tête, vous ne trouvez pas ? Il ressemble étrangement à Carnaval, n’est-ce pas? Je crois qu’il a été atteint de mondalenvérisme ! Je crois qu’il s’est transformé en Carnaval et qu’il veut lui aussi mettre le monde à l’envers ! Aïe Aïe Aïe, quelle pagaille !
Mr Laloi | Oui ! Vive le monde à l’envers, vive la pagaille, je veux des crêpes, du chocolat, je veux danser, chanter, me déguiser, youplala, tous avec moi !
C’est le temps du monde à l’envers, monde à l’envers, monde à l’envers,
C’est le temps du carnaval, tout est permis…. tout est permis !
Pom pom pom pom
Pom pom pom pom
Le narrateur pose Mr Laloi avec les autres marottes,
qui révèlent toutes une double face.
Le narrateur, mimant et entraînant les enfants du public |
Pom pom pom pom
On veut des crêpes, du chocolat
Des masques et des chapeaux pointus
Pom pom pom pom
On veut des crêpes, du chocolat
Des masques et des chapeaux pointuuuuuuuuuuus
Le narrateur met fin à la chanson comme un chef d’orchestre.
Narrateur | Aïe, Aïe, Aïe. Je vais devoir faire rentrer tout ce petit monde et les ramener à la raison. Ça ne va pas être facile. Vous voulez bien m’aidez encore une fois, les enfants ? Allons-y.
On lève les bras en l’air, les mains derrière le dos, les mains sur le ventre, et… chhhhhhhut.
Merci, les enfants. Et n’oubliez pas ce qu’a dit Carnaval : le monde à l’envers ne dure que le temps des masques, après, tout rentre dans l’ordre… avec une petite étincelle.
FIN.