d’après Clara Militch de Ivan Tourguéniev
conception et direction Anaïs de Courson
avec Milan, Greg et Jenny Benett
Ce roman m’a fait une forte impression à un moment où il y a plusieurs années, à New York, je travaillais avec trois danseurs (dont je ne connais même pas les noms de famille d’ailleurs, sauf pour Jenny) sur un tout autre projet pour le Fringe Festival.
Il s’agissait initialement pour moi de leur faire partager ma découverte de ce texte lu la veille, que je voulais leur raconter ; comme cela se passait à la fin d’une répétition, tout le monde était chaud, et cela a donné lieu à une improvisation que nous avons décidé de tenter de nouveau le lendemain pour le festival.
Nous avons proposé une sorte de divagation commune, eux, dansant, moi, lisant et commentant, comme si j’étais leur musique intérieure, leur espace, ces quelques notes, que j’ai retrouvées, avec la fameuse lettre de Tatiana à Onéguine dont il est question dans le texte.
Tout était très libre, très simple, j’imagine que c’est pour ça que j’ai gardé une tendresse pour ce travail, cette expérience, dont je n’ai gardé aucune autre trace que ce souvenir de liberté et ces quelques notes.
Mais à cet instant il lui sembla que quelqu’un venait de s’approcher et se tenait près de lui, derrière son dos… il perçut, venant de là, comme un souffle tiède… Il se retourna… C’était elle ! Il ne voyait pas son visage, seulement son chapeau, une partie de son voile…
Doute. Orgueil. Discours convenu. Révélation. Douleur. Orgueil. Haine. Fuite. Rage. Fierté. Doute. Tourment. Ebouriffé.
3 mois. Retour à la normale. Mais là au fond de lui, sous la surface de sa vie.
Dépêche Nouvelles de Moscou. Clara Militch a avalé du poison. Aratov posa doucement le journal sur la table. Coup. Répercussions. Mur. Larmes irrépressibles. Chez Kupfer. Raconter tout. Catherine Milovidov. Dilettante. Visage inondé de larmes. Platocha. Aratov apaisé.
Rêve. Kazan. La voix douce, les yeux tendres et tristes. Récit d’Anne Semionovna. L’homme que je veux. Le journal de Katia. Pris.
La voix de Clara. Des roses… des roses… des roses…
debout au milieu de la pièce, non loin de lui
un tourbillon soyeux, silencieux
c’est moi
Puis Clara dans la chambre. Dans le fauteuil. Le baiser. Son pâle visage comme enivré d’un bonheur infini.
Je suis heureux… heureux.
Mais il était très pâle.
Ainsi et là-bas.
Un cri perçant, terrifiant.
Mais il ne revint pas à lui.
Une mèche de cheveux noirs.
Et ce sourire de béatitude.