La Chose-Ida, le cas Ida, Ida sans majuscule, Ida vieille usée fatiguée, Ida comme de la famille, Ida-monstre. Ida est morte. Je lui disais toujours. Ida. Regardez pas vos pieds comme ça.
Mais qui était Ida ? Qu’était Ida ? Et puisqu’elle est morte c’est donc qu’elle a vécu ? C’est ce qui avait échappé.
Ida ou le délire est un chassé-croisé de voix en variation, en dissonance, en écho, en contrepoint, en sourdine, en fanfare pour : Ce qu’on ne comprend pas. La mort de Ida. Et en même temps : une symphonie pour voix seule.
C’est ainsi que j’ai choisi d’aborder ce texte sidérant, dans l’élan de l’écriture rêche, incroyablement précise, drôle et glaçante d’Hélène Bessette. C’est une matière incandescente qu’on a entre les mains. Ça pulse, dans le sens du pouls, du passage du sang dans les veines, de la montée du sang au cerveau, des pieds à la tête. La cadence effrénée du texte est celle de la vie.
Irrésistiblement, on est attiré dans cette veillée funèbre qui ne finira jamais. On est chacun une non-Ida, face à l’absence de Ida. Face au mépris. A la diminution. Au délire de vouloir être. Etre-humain.