d’après la pièce de Ivan Tourgueniev
conception et direction Anaïs de Courson
avec Olivie Larrier, Tatiana Marchand, Caroline Boneau, Gaël Thomas, Bruno Valleade et Thomas Gibond
La première lecture d’une pièce est toujours pour moi une expérience frustrante. Le livre me reste fermé.
A l’inverse d’un roman, qui s’infiltre en moi, ici, tout se dresse devant moi et résiste. Il me faut un grand nombre de lectures pour que peu à peu un paysage se dessine.
J’ai voulu tenter l’expérience de gagner du temps (je n’en ai pas gagné) en faisant six lectures d’un seul coup.
Distribuer les rôles aux acteurs et les faire se rencontrer sans avoir jamais lu ensemble ni avoir parlé de la pièce autrement que pour leur donner la règle du jeu :
– Apprendre le texte et repérer qui est qui pour qui.
– Reconnaître les différents espaces de jeu (dans le lieu où je les avais réunis). Un genre de Cluedo.
– Repérer les points de rendez-vous, et l’espace d’errance où ils devaient aller quand leur personnage n’était pas en scène (disons la coulisse ou la loge si ce n’est qu’ici cet espace n’est pas « hors jeu »).
– Régler leurs montres (comme pour un hold up).
La préparation de cette expérience supposée me faire gagner du temps a été d’une minutie d’horloger, ça a été assez long, mais très amusant.
Les acteurs ont formidablement joué le jeu, au présent, attentifs à tout, vivants, puissamment à l’écoute et inventifs, se rattrapant dans le vide, cherchant de toutes leurs forces à ce que cela marche et à ce que cela ne s’arrête pas. C’était splendide et captivant.
J’ai beaucoup reçu, nous avons tous beaucoup reçu de cette expérience, dont j’étais l’unique spectatrice.
Ça me donne envie de recommencer.